Conclusion : vers une remise en cause du « mammaliocentrisme » ?

         

            La connaissance du sommeil a énormément progressé depuis le début du XXème siècle, grâce à l'étude de ses mécanismes. C'est ainsi que le sommeil paradoxal a pu être mis en évidence et questionné par son excentricité, en tant qu'état cérébral différent de la veille, distinct du sommeil et source de rêves fascinants. En cherchant à mieux comprendre ce sommeil onirique, les êtres humains ont souvent fait appel aux animaux pour étudier les mécanismes du sommeil paradoxal, afin de mieux comprendre leur propre sommeil. Lorsque l'on met en relation les caractéristiques du sommeil de différentes espèces, parfois dépourvu de sommeil onirique, on peut établir une phylogenèse du rêve, l'histoire de l'apparition du sommeil paradoxal au cours de l'évolution. Une telle approche phylogénétique permet de mieux comprendre les fonctions que pourrait remplir le rêve dans la mesure où un caractère conservé au cours de l'évolution est souvent synonyme de caractère avantageux du point de vue de la sélection naturelle. Les hypothèses fondées sur la phylogenèse du rêve ne sont néanmoins pas les seules à tenter d'expliquer le rôle des rêves et celui-ci reste aujourd'hui assez mystérieux


            Nous avons ainsi vu que les deux états du sommeil – sommeils lent et paradoxal – ont été clairement identifiés chez les mammifères et les oiseaux. Cependant, la définition qui en a été faite repose principalement sur des observations de mammifères et a ensuite été adaptée aux oiseaux. Les subtiles différences que l’on observe entre le sommeil paradoxal des représentants de ces deux classes ne sont-elles que la partie immergée de l’iceberg ? En d’autres termes, existe-t-il un sommeil actif - pour utiliser un terme plus neutre - chez d’autres espèces, remplissant la même fonction mais avec une manifestation différente ? Ne pourrait-il pas exister, notamment chez les reptiles, un sommeil actif propre aux poïkilothermes remplissant la même fonction que le sommeil paradoxal des homéothermes ?

Then, if a phenomenon does not have the same signature in a different species, does that mean that this is not the same phenomenon ? If a wing does not have any feathers, does that mean that bats do not have wings ? If a foot does not have toes, does that mean that a horse’s hoof does not serve the same function ?
Libourel Paul-Antoine, 2019, Phylogeny of sleep in tetrapods : analysis of evolutionary patterns, electrophysiological and behavioral studies in two squamates species and new methodological perspectives, phdthesis, Université de Lyon. Adresse : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-02086610 [Consulté le : 3 mars 2021].
 
 

Introduction

Partie 1 :  Les mécanismes du rêve et leur découverte...

Partie 2 : ...qui permettent la construction d'une phylogenèse du rêve 

Partie 3 :  L’établissement d’une phylogenèse du rêve permet-il d’émettre des hypothèses quant à sa fonction ?  

Conclusion

 

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