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Au-delà de la dépendance de chaque membre du binôme homme-chien envers l’autre, il convient de voir également cette relation sous l’angle du compagnonnage : le chien est un compagnon de vie, et non une simple nécessité pour le maître. C’est un être vivant et non pas un outil. Être propriétaire d’un chien guide, c’est être propriétaire d’un animal, duquel on s’inquiète, on se soucie, et dont on est responsable, et qui progressivement, a aussi de l’influence sur son ou sa maître·sse.
A – L'enjeu des soins dans le cas des malvoyant·e·s et leurs chiens guides
Le chien guide ayant un rôle essentiel pour le confort de vie de son maître, il paraît évident que sa bonne santé est un enjeu fondamental. Cependant, son impossibilité à communiquer verbalement pose un problème de taille lorsqu’il s’agit de son accompagnement médical. Cet obstacle est déjà grand pour les propriétaires ne souffrant pas de cécité - mais il est exacerbé par le handicap, puisque la communication et l’inspection médicale du chien passent aussi beaucoup par la vision. Impossible pour un·e malvoyant·e de voir son chien traîner la patte, ou d’apercevoir un ballonnement anormal. Il lui faut apprendre à inspecter et surveiller l’animal par d’autres moyens, être attentifs aux petits détails, ce qui peut se révéler une contrainte supplémentaire dans un quotidien déjà complexe pour une personne aveugle. La profession vétérinaire joue ainsi également un rôle important de soutien dans ce domaine.
Au-delà des éventuelles pathologies les plus susceptibles de toucher les chiens dans la globalité, certaines sont encore plus spécifiques aux chiens guides d’aveugle de par leur fonction ou leur race. La responsabilité supplémentaire qui incombe donc à la fois aux vétérinaires et aux propriétaires, c’est d’être particulièrement attentif à ces problèmes particuliers. Il peut s’agir de malformations plus probables chez les races de chiens guides les plus communes, mais aussi de blessures communes de par leur fonction, ou encore de l’anxiété ! Entre également en jeu l’étude comportementale du chien[1] pour contribuer à les comprendre et améliorer leur prise en charge.
En effet, le chien guide porte lui aussi une responsabilité vis-à-vis de son maître. Comme nous l’avons répété, maître et chien forment une équipe, un binôme au sein duquel chaque membre a autant d’importance que l’autre. Dans une perspective médicale, d’aucuns pourraient avancer qu’en un sens, certes le maître participe aux soins de son animal, mais le chien peut aussi soigner son maître. Déjà, de façon triviale, il faut sortir son chien ce qui permet à son ou sa propriétaire d’entretenir une certaine activité physique[2]. Pour faire simple, « [Un corpus scientifique émergent a lié la possession d'un chien à une meilleure qualité de la vie chez leurs propriétaires] »[3].Mais le chien est aussi formé à être attentif au ou à la malvoyant·e qui s’occupe de lui et dont il s’occupe, et peut se montrer empathique. Rien que par sa fonction, on peut dire que l’aide qu’il apporte à une personne victime de cécité est déjà un soin, puisque le chien guide soulève certaines charges subies à cause du handicap et apporte un soulagement sur le long terme.
Le chien guide ayant un rôle essentiel pour le confort de vie de son maître, il paraît évident que sa bonne santé est un enjeu fondamental. Cependant, son impossibilité à communiquer verbalement pose un problème de taille lorsqu’il s’agit de son accompagnement médical. Cet obstacle est déjà grand pour les propriétaires ne souffrant pas de cécité - mais il est exacerbé par le handicap, puisque la communication et l’inspection médicale du chien passent aussi beaucoup par la vision. Impossible pour un·e malvoyant·e de voir son chien traîner la patte, ou d’apercevoir un ballonnement anormal. Il lui faut apprendre à inspecter et surveiller l’animal par d’autres moyens, être attentifs aux petits détails, ce qui peut se révéler une contrainte supplémentaire dans un quotidien déjà complexe pour une personne aveugle. La profession vétérinaire joue ainsi également un rôle important de soutien dans ce domaine.
Au-delà des éventuelles pathologies les plus susceptibles de toucher les chiens dans la globalité, certaines sont encore plus spécifiques aux chiens guides d’aveugle de par leur fonction ou leur race. La responsabilité supplémentaire qui incombe donc à la fois aux vétérinaires et aux propriétaires, c’est d’être particulièrement attentif à ces problèmes particuliers. Il peut s’agir de malformations plus probables chez les races de chiens guides les plus communes, mais aussi de blessures communes de par leur fonction, ou encore de l’anxiété ! Entre également en jeu l’étude comportementale du chien[1] pour contribuer à les comprendre et améliorer leur prise en charge.
En effet, le chien guide porte lui aussi une responsabilité vis-à-vis de son maître. Comme nous l’avons répété, maître et chien forment une équipe, un binôme au sein duquel chaque membre a autant d’importance que l’autre. Dans une perspective médicale, d’aucuns pourraient avancer qu’en un sens, certes le maître participe aux soins de son animal, mais le chien peut aussi soigner son maître. Déjà, de façon triviale, il faut sortir son chien ce qui permet à son ou sa propriétaire d’entretenir une certaine activité physique[2]. Pour faire simple, « [Un corpus scientifique émergent a lié la possession d'un chien à une meilleure qualité de la vie chez leurs propriétaires] »[3].Mais le chien est aussi formé à être attentif au ou à la malvoyant·e qui s’occupe de lui et dont il s’occupe, et peut se montrer empathique. Rien que par sa fonction, on peut dire que l’aide qu’il apporte à une personne victime de cécité est déjà un soin, puisque le chien guide soulève certaines charges subies à cause du handicap et apporte un soulagement sur le long terme.
B - Une relation complémentaire qui va au-delà de l’opposition humain et animal
Le chien guide vient, certes, porter assistance aux personnes malvoyantes ou aveugles, mais il n’est pas non plus un simple outil. Avant d’être un chien guide, le chien est un animal domestique et non sauvage, il est nourri et élevé dans un environnement humain. En plus d’être un animal domestique, le chien est un animal familier à l’homme, c’est-à-dire qu’il a également une relation affective avec l’humain, qui le différencie de plusieurs animaux qui eux ne sont que domestiques. Cela ajoute donc une dimension émotionnelle dans la relation de l’humain et du chien, et encore plus dans la relation du ou de la malvoyant·e ou aveugle et du chien. Cette familiarité du chien avec l’environnement social le rend capable de vivre familièrement avec les humains, de pouvoir comprendre leur agissement et de tisser de forts liens. En plus de l’aide qu’apporte le chien à la personne malvoyante ou aveugle, une véritable relation se construit entre eux et donne une dimension plus grande à leur rapport. Ces caractéristiques du chien quasiment innées, facilitent sa formation à être un chien-guide et le rendent performant pour apporter une aide mais aussi pour apporter une sorte de soutien émotionnel. En plus d’être un chien-guide, il devient un partenaire de compagnonnage avec son binôme.
Cette formation croissante d’une relation qui devient de plus en fusionnelle au sein du binôme peut être assimilée à de la dépendance, mais il y a une différence entre la dépendance et une relation forte entre eux où chacun apport à l’autre. En effet, au cours du temps les partenaires deviennent habitués à la présence de l’'autre et se laissent faire ce qu’ils doivent faire. La personne malvoyante n’est pas forcément dépendante, mais pour certaines tâches elle ne peut y arriver sans l’aide de son chien, ce qui ne l’empêche pas de faire certaines tâches elle-même. Elle sait que dans un environnement urbain, trop de dangers peuvent faire surface soudainement sans qu’elle ne puisse les appréhender, donc il est nécessaire d’être accompagné par son chien. Dans le binôme, chacun sait ce que lui apporte l’autre, c’est une forme de confiance qui pose un équilibre dans la relation entre la personne aveugle et son chien-guide et en permet le bon fonctionnement.
Cette solide confiance qui se met en place pousse le rapprochement humain et animal plus loin, puisqu’une sorte de synergie se crée. Même si tout les oppose en apparence, l’humain et le chien peuvent presque se voir comme des semblables. La relation entre le chien-guide et la personne aveugle en témoigne. Ne serait-ce qu’à travers la communication, on voit qu’ils entretiennent une relation particulière voir unique, car elle va, en un sens, un peu plus loin encore que la relation entre un humain et son chien. Au cours de ces nombreuses années de développement avec l’homme et de domestication, le chien a imprégné certains comportements en faisant face à une acculturation de ce monde social, autant au niveau comportemental qu’au niveau émotionnel. Juste le fait que des chiens-guides existent nous prouve que la relation entre l’humain et l’animal va plus loin qu’une opposition. Le chien et l’humain peuvent devenir de réels compagnons et partenaires de vie.
Le chien guide vient, certes, porter assistance aux personnes malvoyantes ou aveugles, mais il n’est pas non plus un simple outil. Avant d’être un chien guide, le chien est un animal domestique et non sauvage, il est nourri et élevé dans un environnement humain. En plus d’être un animal domestique, le chien est un animal familier à l’homme, c’est-à-dire qu’il a également une relation affective avec l’humain, qui le différencie de plusieurs animaux qui eux ne sont que domestiques. Cela ajoute donc une dimension émotionnelle dans la relation de l’humain et du chien, et encore plus dans la relation du ou de la malvoyant·e ou aveugle et du chien. Cette familiarité du chien avec l’environnement social le rend capable de vivre familièrement avec les humains, de pouvoir comprendre leur agissement et de tisser de forts liens. En plus de l’aide qu’apporte le chien à la personne malvoyante ou aveugle, une véritable relation se construit entre eux et donne une dimension plus grande à leur rapport. Ces caractéristiques du chien quasiment innées, facilitent sa formation à être un chien-guide et le rendent performant pour apporter une aide mais aussi pour apporter une sorte de soutien émotionnel. En plus d’être un chien-guide, il devient un partenaire de compagnonnage avec son binôme.
Cette formation croissante d’une relation qui devient de plus en fusionnelle au sein du binôme peut être assimilée à de la dépendance, mais il y a une différence entre la dépendance et une relation forte entre eux où chacun apport à l’autre. En effet, au cours du temps les partenaires deviennent habitués à la présence de l’'autre et se laissent faire ce qu’ils doivent faire. La personne malvoyante n’est pas forcément dépendante, mais pour certaines tâches elle ne peut y arriver sans l’aide de son chien, ce qui ne l’empêche pas de faire certaines tâches elle-même. Elle sait que dans un environnement urbain, trop de dangers peuvent faire surface soudainement sans qu’elle ne puisse les appréhender, donc il est nécessaire d’être accompagné par son chien. Dans le binôme, chacun sait ce que lui apporte l’autre, c’est une forme de confiance qui pose un équilibre dans la relation entre la personne aveugle et son chien-guide et en permet le bon fonctionnement.
Cette solide confiance qui se met en place pousse le rapprochement humain et animal plus loin, puisqu’une sorte de synergie se crée. Même si tout les oppose en apparence, l’humain et le chien peuvent presque se voir comme des semblables. La relation entre le chien-guide et la personne aveugle en témoigne. Ne serait-ce qu’à travers la communication, on voit qu’ils entretiennent une relation particulière voir unique, car elle va, en un sens, un peu plus loin encore que la relation entre un humain et son chien. Au cours de ces nombreuses années de développement avec l’homme et de domestication, le chien a imprégné certains comportements en faisant face à une acculturation de ce monde social, autant au niveau comportemental qu’au niveau émotionnel. Juste le fait que des chiens-guides existent nous prouve que la relation entre l’humain et l’animal va plus loin qu’une opposition. Le chien et l’humain peuvent devenir de réels compagnons et partenaires de vie.
C – Au-delà de la relation interspécifique vers la co-construction
« Le modèle émergeant de la relation homme-chien est celui de l’équilibre des interactions. »[4] Il est en effet possible de voir cette relation sous une autre perspective que l’interdépendance : dans ce binôme, dont les liens sont encore plus forts chez les déficient·e·s visuel·le·s et leurs chiens guides, chaque membre est très important. La relation n’est pas à sens unique. C’est pourquoi il semble particulier de parler de « maître », si le chien a autant d’influence sur l’humain qu’inversement. Dans le cas des malvoyant·e·s, il règne une confiance absolue au sein du binôme ce qui permet leur évolution, ensemble, au point où les deux commencent à se ressembler : « Humanisé, le chien s’est vu élevé au rang de membre de la famille »[5] et même inversement. On peut parler de perméabilité des frontières interspécifiques.[6]
Dans Le chien, une figure de compagnon polyvalent[7], Jean-Marie Brohm parle même d’intersubjectivité entre chien et maître, et ceci dans le cas très général de ce type de compagnonnage. On peut en effet appréhender la relation du binôme jusqu’à un niveau psychologique, où chacun, progressivement, commence à prendre en compte la pensée de l’autre dans sa propre pensée. Humain et chien se connaissent au sein de l’équipe qu’ils forment, et peuvent agir en prenant en considération par anticipation la pensée, le jugement ou les ressentis de l’autre. Bien que cet effet soit observé chez tous les chiens de compagnie, de par la relation fusionnelle qu’entretiennent les propriétaires de chiens guides avec leur animal, il est exacerbé.
[1] Serpell James. A et Hsu Yuying, « Development and validation of a novel method for evaluating behavior and temperament in guide dogs », in Applied Animal Behaviour Science, no 4, vol. 72, 1 juin 2001, p. 347‑364.
[2] Yamamoto Mariko, Yamamoto Marissa M. et Hart Lynette A., « Physical Activity and Welfare of Guide Dogs and Walking Activity of Their Partners », in ANTHROZOOS, no 2, vol. 28, 1 juin 2015, p. 277‑289.
[3] Glenk Lisa Maria, Přibylová Lucie, Stetina Birgit Ursula, Demirel Sami et Weissenbacher Karl, « Perceptions on Health Benefits of Guide Dog Ownership in an Austrian Population of Blind People with and without a Guide Dog », in Animals, no 7, vol. 9, juillet 2019, p. 428.
[4] Lazzarotti Julie, Guide d’éthologie canine à destination des vétérinaires, Thèse de doctorat, Féculté de médecine de Créteil, 2019, 74 p, (dactyl.).
[5] Elies Christel et Schauder Silke, « La relation de l’homme au chien familier : symptôme de sa dynamique psychique ? », in Topique, no 1, n° 142, 30 avril 2018, p. 53‑67.
[6] Elies Christel et Schauder Silke, « La relation de l’homme au chien familier : symptôme de sa dynamique psychique ? », in Topique, no 1, n° 142, 30 avril 2018, p. 53‑67.
[7] Brohm Jean-Marie, « Le chien, une figure de compagnon polyvalent », in Topique, no 1, n° 142, 30 avril 2018, p. 31‑42.
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