Les troubles mentaux et la zoothérapie

 

    Photographie :  journallenord.com


    Cet article a pour but de présenter différentes applications de thérapie assistée par l'animal à certains troubles mentaux. Cet article est complémentaire au dossier de recherche des Zoothérapeutes.



    Les thérapeutes notent que la présence de l’animal dans une relation thérapeutique semble :


  • faciliter le développement de l’alliance thérapeutique entre patient et thérapeute,
  • réduire les craintes du patient par rapport aux interventions,
  • augmenter le taux de participation aux groupes thérapeutiques,
  • favoriser leur expression.

   

    L’animal de par son rôle de facilitateur ou de médiateur, devient alors acteur de l’alliance thérapeutique (patient-thérapeute-animal) (Mongeon, 2014).


    La zoothérapie participe à améliorer différents troubles psychologiques et psychiatriques. Elle s’adresse à l’enfant comme à l’adulte. De nombreuses applications ont été mises en place pour les troubles suivants :


  • troubles de la communication sociale,
  • troubles du stress post-traumatique,
  • troubles psychotiques, en particulier la schizophrénie,
  • troubles du spectre de l’autisme,
  • troubles de l’addiction.


    Découvrons certaines de ces applications ensemble.

 


• Les troubles de la communication sociale


    Le terme « trouble de la communication sociale ou trouble de la communication sociale-pragmatique » a fait son apparition pour la toute première fois en 2013, dans le DSM-5 (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders), ouvrage de référence en psychiatrie, qui répertorie la classification et le diagnostic des troubles mentaux. Le trouble de la communication sociale est identifié par des équipes multidisciplinaires chez des personnes ayant des difficultés persistantes dans l’utilisation sociale de la communication non verbale et/ou verbale, celles-ci entraînant des limitations dans la participation sociale, la réussite scolaire ou la performance au travail. (Lambert-Bonin, 2020)


    Dans son mémoire traitant des apports de l’animal dans la prise en charge orthophonique, Laëtitia Marzo se penche notamment sur la communication non verbale nous rappelant « qu’elle est le mode de communication privilégié des animaux au moyen de :


  • la mimique, qui serait le moyen de communication le plus archaïque exprimant les affects et les émotions,
  • du regard, qui jouerait un rôle important dans la réciprocité de la communication, ou justement dans sa rupture. Il serait un régulateur des tours de parole, mais aussi un des signaux les plus puissants de notre répertoire de communication non verbale. Ce serait un élément essentiel de la communication inter-espèces. Il peut impliquer une sphère de communication intime, sans trop de complication relationnelle,
  • la gestuelle et les postures, qui peuvent indiquer des intentions d'accueil, de rapprochement, de rejet ou de menace,
  • la communication tactile, qui serait omniprésente dans la communication avec l'animal, mais aussi avec le zoothérapeute. Par le toucher, de nombreuses informations seraient transmises. Le toucher serait aussi un indicateur de relation. Il fait l'objet d'interdits et de recommandations socialement codifiés : toucher un inconnu est une violation de l'espace personnel, en même temps qu'accepter de se laisser toucher et accepter qu'un autre entre dans sa sphère intime. Cependant les tabous liés au toucher n'auraient pas lieu lorsqu'il s'agit d'animaux, ceux-ci n'ayant pas le statut de « personne sociale compétente » dans la pensée de la plupart des hommes : ils se sentiraient donc autorisés à les toucher. Ce que tous les animaux n'acceptent pas forcément,
  • l'utilisation de l'espace : la distance à l'autre ainsi que l'espace occupé ou non peuvent être révélateurs de difficultés,
  • les manifestations neurovégétatives, par définition non intentionnelles (rougeur, pâleur, rire bref, râle, pleurs impossibles à retenir, etc.), traduiraient l'intensité des processus psychiques mis en cause. »

    

    Pour Laëtitia Marzo, « l’intérêt de cette approche non-verbale réside dans le fait que l'animal ne juge pas selon l'aspect physique, les attitudes ou les pensées dites "bizarres", mais qu’il réagit au comportement, selon qu'il le perçoit comme menaçant ou non, comme source d'inconfort ou de plaisir. L'animal porte donc une certaine régularité dans son comportement et dans les réponses qu'il fournit, posant des limites immédiates et clairement identifiables. Il permettrait ainsi au patient de mieux repérer les comportements adaptés, en fonction des contextes, et ainsi aborder tout ce qui relève des codes sociaux, en laissant libre cours à son expression, quelle qu'elle soit, dans un cadre contenant.


    Toute interaction avec l'animal nous obligerait à revenir au moment présent, le seul qui nous importe. En effet, d'après le psychologue canadien Arenstein, il nous enlèverait les "ruminations stériles du passé et les rêves hypothétiques du futur".


    Ainsi, la présence d'un animal en orthophonie permettrait spécifiquement : la libération des émotions et des affects, qui s'accompagnerait d'une amélioration des capacités de communication, du langage expressif non verbal et verbal, et de la sociabilité. Il y aurait une stimulation de l'élocution. » (Marzo, 2014)



 

• Les troubles du stress post-traumatique


    Les troubles du stress post-traumatique (TSPT) sont des troubles psychiatriques sous la forme d’anxiété envahissante, qui surviennent après un événement traumatisant. Ils se traduisent par une souffrance morale et des complications physiques qui altèrent profondément la vie personnelle, sociale et professionnelle. La prise en charge passe essentiellement par la psychothérapie : thérapies comportementales et cognitives (TCC) ou/et désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires (EMDR). Même si les troubles du stress post-traumatique sont connus depuis l’Antiquité, ils n’ont été clairement définis qu’en 1980 suite aux ravages de la Guerre du Vietnam parmi les soldats américains. (Inserm U1077Pierre Gagnepain)


    Dans ce cadre, la zoothérapie permet un meilleur traitement du stress aigu. En effet, une des actions les plus efficaces sur les TSPT est de travailler sur la réassurance du patient ; cette réassurance se trouve en partie dans le contact physique chaleureux des relations amoureuses, amicales et familiales, contact qui peut également être apporté par l’animal et permettre une communication de cerveau émotionnel humain à cerveau émotionnel animal.


    En 2019, dans sa thèse Le chien d’assistance aux personnes souffrant d’état de stress post-traumatique : étude des intérêts pour l’humain et des conséquences sur le bien-être de l’animal, Natacha Asensio se penche sur le rôle du chien d’assistance ainsi que sur les différences étudiées entre chien de compagnie et chien d’assistance de façon à souligner voire mesurer l’impact de la zoothérapie.


     a) Le chien de compagnie : un premier support émotionnel pour les personnes souffrant d’ESPT ?


    Il est communément admis en médiation animale que la présence d’un chien peut faire office dans certains cas de support émotionnel. Ce "support émotionnel" apporté par la présence d’un chien – qu’il soit chien d’assistance ou simple animal de compagnie – est-il une simple croyance populaire, un effet placebo ou un fait attesté par la recherche scientifique ?


 

    L’ocytocine est une hormone agissant sur plusieurs aspects nous intéressant dans le cas de l’ESPT : on citera principalement l’intérêt de l’ocytocine dans le lien social (« social bonding »), son rôle sur les variations d’humeur et la dépression et celui sur l’anxiété. Des études diverses montrent une association entre le contact avec un chien et des variations hormonales pour l’humain bénéficiant de ce contact positif. L’une d’elles montre par exemple qu’un contact visuel prolongé entre l’humain et le chien augmentait la concentration en ocytocine retrouvée dans l’urine échantillonnée (Nagasawa et al., 2009). Plus remarquable encore, 15 minutes d’interaction entre un chien et son propriétaire entraîneraient une augmentation significative d’ocytocine chez le chien et l’humain, ainsi qu’une diminution de la fréquence cardiaque chez l’humain. Handlin et al. (2011) s’accordent d’ailleurs à soutenir l’hypothèse qui veut que l’interaction positive homme-chien activerait un message intracérébral permettant la production d’ocytocine. La présence d’un chien et apprendre à entretenir une relation positive avec ce dernier, qu’il soit ou non entraîné à être un chien d’assistance, serait susceptible d’améliorer chez le malade victime d’ESPT son état d’anxiété et pourrait agir sur un état dépressif et sur sa capacité à interagir socialement.


 

    Johnson et al. (2013) rapportent que les vétérans vivant avec un chien de compagnie décrivent une diminution de la détresse psychologique qu’ils éprouvaient antérieurement. En ce qui concerne les niveaux d’anxiété, Barker et Dawson (1998) ont montré une différence entre l’impact d’une séance de thérapie « simple » et celui d’une séance de zoothérapie avec un chien sur des personnes souffrant d’anxiété : l’échantillon qui avait bénéficié de la session de zoothérapie présentait une diminution plus importante de leur niveau d’anxiété, évalué par questionnaire. Kanamori et al., (2001) rapportent une diminution significative de l’anxiété et des troubles phobiques chez des personnes âgées après six semaines de zoothérapie bihebdomadaire, diminution non rapportée dans le groupe-contrôle.

Enfin, l’amélioration des interactions sociales suite à des séances de thérapie assistées par un chien a été notée plusieurs fois en contexte hospitalier ou dans des maisons d’accueil spécialisées (Bardill et Hutchinson, 1997 ; Bernstein et al., 2000).


 

    b) Le chien d’assistance pour personne souffrant d’ESPT : analyse des publications évaluant son influence sur l’évolution de la maladie


 

    Le chien d’assistance, ou chien d’assistance, est un animal entraîné à exécuter des tâches précises en fonction de la maladie pour laquelle il doit assister un humain particulier. Il ne s’agit donc ni d’un chien de thérapie, ni d’un chien de compagnie ou de support émotionnel. Ces dix dernières années, des études sur l’impact du chien d’assistance pour personnes souffrant d’ESPT ont été réalisées. Nous avons réalisé notre recherche sur les moteurs de recherche Google Scholar et PubMed en utilisant les mots-clés « PTSD Service Dogs » (« Chiens d’assistance pour personne souffrant d’ESPT) et avons sélectionné ceux qui traitaient de l’impact de ces chiens sur le malade : augmentation des concentrations d'ocytocine, amélioration de la sociabilisation, amélioration de la durée du sommeil, diminution de l'anxiété, diminution du sentiment de solitude, augmentation de l'activité physique, diminution de l'activité catécholaminergique, diminution de la pression sanguine, diminution de la fréquence cardiaque.


 

    Tous les articles concluent à une amélioration psychologique ou/et physique des personnes atteintes d’ESPT bénéficiant d’un chien d’assistance : l’article le plus récent, publié par O’Haire et Rodriguez, conclut à une amélioration significative de la symptomatologie de l’ESPT au sein de la population, tout en précisant que cette amélioration concerne majoritairement les symptômes mentaux et non physiques (O’Haire et Rodriguez, 2018). » (Asensio, 2019)




Les troubles du spectre de l’autisme


    L'autisme est un trouble du neuro-développement qui va toucher l’enfant peu après la naissance. Il se manifeste avant l'âge de 3 ans. Ces anomalies du développement cérébral donnent lieu à toute une variété de troubles affectant les interactions sociales, la communication et le comportement à caractère restreint, répétitif et stéréotypé.


    « Plusieurs écoles spécialisées pratiquent régulièrement des sessions de zoothérapie auprès d’enfants autistes. Un animal sélectionné et entraîné est introduit par un intervenant qualifié auprès d’une personne chez qui on veut développer le potentiel affectif, moteur, cognitif et social. La zoothérapie se veut une méthode d’intervention complémentaire aux services réguliers offerts à l’enfant autiste.


    L’impact positif de l’animal sur les enfants présentant des difficultés à établir des relations et retirés socialement est documenté dans la littérature scientifique. L’animal, principalement le chien, s’avère un outil d’intervention efficace pour diminuer la tendance au retrait de l’enfant, accroître sa capacité d’attention et de réponse aux stimuli externes, développer son orientation dans le temps et l’espace en plus d’encourager ses interactions sociales. Le chien, de par la texture de ses poils, son odeur, ses aboiements et sa chaleur permet à un enfant replié sur lui-même de se tourner davantage vers le monde extérieur, diminuant ainsi toute forme de comportements inappropriés (automutilations, mouvements stéréotypés) et permettant l’augmentation de comportements sociaux appropriés (contact visuel avec l’animal, imitation des gestes de l’intervenant). Par exemple, en léchant la main de l’enfant autiste, le chien lui permet de prendre conscience de l’autre et de son environnement tout en facilitant l’apprivoisement progressif d’un contact physique. Il sert ainsi de médiateur pour contrer le rejet des contacts sociaux et favoriser l’acceptation des relations interpersonnelles.


    Un plan individuel d’intervention en zoothérapie est conçu pour chaque enfant. La création de ce plan d’intervention en zoothérapie nécessite une étroite collaboration entre le thérapeute et l’intervenant en zoothérapie. Une grille d’observation des comportements durant l’activité de zoothérapie permet de suivre l’évolution de l’enfant. La régularité et la constance des interventions sont importantes pour garantir la stabilité de l’enfant et les résultats. Le climat sécurisant et encourageant instauré durant une session de zoothérapie est propice à des réalisations de toutes sortes. S’inscrivant dans une démarche multidisciplinaire d’intervention, la zoothérapie contribue à améliorer la qualité de vie de nombreux enfants autistes. » (Bernatchez, 2002)



 

• Les troubles psychotiques, en particulier la schizophrénie


    La schizophrénie est une des principales psychoses. Elle se manifeste par la désintégration de la personnalité et par la perte du contact avec la réalité ; troubles de la pensées (idées délirantes souvent persécutives, hallucinations souvent auditives, incohérence du langage), modifications de la réactivité émotionnelle. Elle altère la capacité à communiquer avec autrui. C'est la maladie mentale chronique la plus fréquente. La schizophrénie toucherait environ 0,7 à 1% de la population mondiale, et environ 600000 personnes en France. Elle concerne aussi bien les femmes que les hommes, ces derniers semblant être touchés par des formes plus précoces et invalidantes. (Inserm, 2020)


    En France à la date du 1er avril 2020, 235300 personnes étaient prises en charge par l’administration pénitentiaire dont 65300 personnes en détention. Sur ces 65300 détenus, 24 % souffrent de troubles psychotiques, soit 15672 hommes et femmes, alors que le nombre de places en unités hospitalières spécialement aménagées (hôpitaux-prison) est de 440 places. (Observatoire International des Prisons et Ministère de la Justice, 2020)


    Il est donc intéressant d’envisager et d’étudier la zoothérapie comme outil d’amélioration de la santé et du quotidien des détenus psychotiques comme de celui des soignants et des gardiens de prison.


    « La médiation animale a un impact positif sur les détenus psychotiques. En 2010, Thierry Boissin, psychologue et équithérapeute, a fait entrer pour la première fois des chevaux camarguais dans la centrale d’Arles. Les détenus les plus dangereux y purgent de longues peines. Des séances de médiation équine ont été mises en place pour aider les détenus à se reconnecter à leurs émotions et aux autres. 


    Les soignants ont souvent du mal à créer des liens avec les détenus. "En détention, le  soin n’est pas une obligation. Beaucoup de détenus psychotiques se replient sur eux-mêmes", constate Marie-Claire Roisset, psychiatre du centre hospitalier du Rouvray, intervenante au centre de détention du Val-de-Reuil. Avec sa collègue infirmière, Céline Goria, elles ont lancé en janvier 2019 un programme avec les écuries du Marottin, dans l’optique de créer un premier contact. "Les patients psychotiques sont les plus vulnérables, ce sont ceux qui s’isolent le plus rapidement", explique la psychiatre.


    La médiation animale s’est faite en complément des prises en charge classiques : les résultats ont été très rapides. "Dès la première séance, un patient qui ne parlait pas du tout nous a raconté qu’il n’avait pas touché un animal depuis vingt-cinq ans, se rappelle Céline Goria. On aurait mis beaucoup plus de temps à atteindre ces objectifs avec une approche traditionnelle."


   La médiation animale n’a rien de magique. "Elle vient en complément des prises en charge classiques, pour prévenir des suicides, servir de déclencheur pour reprendre un parcours de soin ou encore réfléchir à sa parentalité", insiste Catherine Mercier, psychologue anciennement chargée du Parcours d’exécution des peines (PEP), où elle a intégré depuis 2008 des programmes de médiation équine au centre pénitentiaire des femmes de Rennes. "Pour les détenus psychotiques comme pour les autres, l’objectif est de permettre à la personne de se reconnecter au monde. Pour certains ça va être un révélateur, pour d’autres pas du tout. "


    La maison d’arrêt de Strasbourg, elle, a été un des premiers établissements carcéraux en France à mettre en place des ateliers de médiation animale en 2008. (La médiation animale est aujourd’hui pratiquée dans un tiers des prisons françaises.) La direction de l’établissement a fait appel à Patricia Arnoux, intervenante en médiation animale et fondatrice de l’association Evi’dence. "Nous nous sommes inspirés de ce qui se faisait déjà au Québec. Là-bas, on appelle le zoothérapeute comme on appelle le kiné." Elle est donc venue à la rencontre des détenus avec son chien, une tourterelle et un cochon d’Inde. Aujourd’hui, Patricia Arnoux y intervient 35 heures par semaine. » (Dubuy, 2020)

 



• Les troubles de l’addiction


    Les addictions sont des pathologies cérébrales définies par une dépendance à une substance ou une activité, avec des conséquences délétères. Les chercheurs tentent de mieux décrire les mécanismes impliqués dans l’apparition, le maintien et les rechutes des addictions. Ils essaient aussi d’en identifier les facteurs de vulnérabilité individuels, sociétaux et environnementaux, pour permettre une meilleure prévention et prise en charge. L’addiction est une pathologie qui repose sur la consommation répétée d’un produit (tabac, alcool, drogues…) ou la pratique anormalement excessive d’un comportement (jeux, temps sur les réseaux sociaux…) qui conduit à : - une perte de contrôle du niveau de consommation ou de la pratique,


  • une modification de l’équilibre émotionnel,
  • des troubles d’ordre médical,
  • des perturbations de la vie personnelle, professionnelle et sociale.


(Inserm, 2020)



    Que se passe-t'il entre un patient souffrant de trouble d’addiction et un animal ? On peut imaginer que l’interaction est assez semblable à celle entre une personne autiste et un chien, ou entre une personne atteinte d’Alzheimer et un canari. Dans son article, Santé mentale : quand les animaux soignent, la chercheuse Elisa Chelle propose une approche relationnelle qui pourrait être adaptée aux causes plurielles des troubles de l’addiction.


 

    « Si nous avons du mal à comprendre l’efficacité de ce lien, c’est parce que nous sommes habitués à une conception biologique de la maladie. Une grille de lecture relationnelle, en revanche, nous permet d’aller plus loin dans la compréhension de l’effet thérapeutique de l’animal.


 

    La maladie, et donc le soin, ont en effet une composante relationnelle. Être malade, ce n’est pas seulement être atteint d’un dysfonctionnement biologique ou psychique : c’est se voir attribuer un rôle différent dans la vie sociale. Face aux individus moins «capables» ou moins «productifs», les comportements des autres changent. Le malade chronique ou incurable pourra susciter un surcroît d’attention, ou au contraire de la crainte. Les relations s’en trouvent asymétriques et une forme d’isolement se fait souvent sentir.


    La maladie est affaire de positionnement relatif entre les individus. La personne se sent malade parce qu’elle consulte un médecin ou parce qu’on lui prodigue des soins. Si elle se trouve en position de prendre soin à son tour, son rôle change. Entrer en relation avec un être qu’elle considère avoir besoin de secours ou d’attention est un facteur d’amélioration de son état. Dans les expérimentations, les chiens cabossés, chétifs ou timides attiraient une attention particulière. La personne diminuée par la maladie trouvait dans l’animal à secourir une possibilité de se décentrer et une utilité sociale renouvelée.


 

    L’animal occupe, quoi qu’il en soit, une place singulière dans notre imaginaire collectif : le jeune Mowgli élevé par des loups dans Le Livre de la jungle, le Petit Prince apprivoisant un renard qui deviendra pour lui "unique au monde"... Ainsi, l’animal n’apparaît pas comme cet autre radical qui appartiendrait au domaine séparé de la nature, mais bien comme un semblable avec qui nous partageons des réactions et des émotions. Les Fables d'Esope ou de La Fontaine, comme de nombreux contes pour enfants, mettent en scène des animaux pour mieux parler des hommes… S’ils n’ont pas les mots pour communiquer, les animaux savent établir des liens avec l’homme. La médecine contemporaine ne saurait faire l’économie de cette sagesse ancestrale. » (Chelle, 2017)



 

Bibliographie:

Mongeon Sophie, 2014, L’impact de la thérapie assistée par l’animal auprès des personnes souffrant d’un trouble psychotique et d’un trouble d’abus de substances, Faculté de médecine et des sciences de la santé, Sherbrooke University.

Lambert-Bonin Edith, 2020, Qu’est-ce que le trouble de la communication sociale? Le Courrier du Sud.

Marzo Laëtitia, 2014, J’ai rencontré un animal chez l’orthophoniste : enquête sur les apports de l’animal dans la prise en charge orthophonique, École d’orthophonie, 


Université de Nice Sophia Antipolis.


Gagnepain Pierre, 2020, Troubles du stress post-traumatique, Inserm U1077.


Bernatchez Annie, 2002, La zoothérapie auprès de l’enfant autiste, Fédération québécoise de l’autisme et autres troubles envahissants du développement.

Inserm, 2020


Asensio Natacha, 2019, Le chien dassistance aux personnes souffrant détat de stress post-traumatique : étude des intérêts pour lhumain et des conséquences sur le bien-être animal, École Nationale vétérinaire dAlfort.


Observatoire International des Prisons, 2020.


Ministère de la Justice, France, 2020.


Dubuis Laureline, 2020, Les bienfaits des animaux sur les détenus, La Croix.


Chelle Elisa, 2017, Santé mentale : quand les animaux soignent, The Conversation.


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