![Muséum national d'histoire naturelle III, Paris, 20191006 ...](https://live.staticflickr.com/65535/48854598231_4271c64a79_b.jpg)
Le 12 octobre 2006, le Musée d’Histoire Naturelle d’Oslo ouvre ses portes aux visiteurs pour la toute première exposition au monde sur les animaux gays. En s’y promenant on aperçoit un couple d’orques mâles cherchant à se pénétrer, deux canards mâles Tadorne de Belon s’accouplant, on passe devant diverses espèces d’insectes chez qui, pour toutes, l’homosexualité a été établie par les scientifiques. Le nom de cette exposition « Against Nature ? » nous interpelle directement car il renvoie au sophisme homophobe utilisé dans le but de nier l’existence de l’homosexualité. En effet les différentes formes d’orientations sexuelles existantes nous interrogent, nous bousculent et nous intéressent. Mais avant toutes choses qu’est-ce que l’orientation sexuelle ? A première vue la définition paraît simple : c’est le désir affectif et sexuel, l'attirance érotique pour les personnes de même sexe (homosexualité), de sexe opposé (hétérosexualité) ou indifféremment pour l'un ou l'autre sexe (bisexualité)[1]. Cependant les faits observés dans la nature sont parfois quelque peu plus complexes que cette conception. Les bonobos en sont le parfait exemple, les mâles et les femelles ont de multiples partenaires sexuels mâles et/ou femelles tout le long de leur vie et ont également un large éventail de pratiques sexuelles, si bien que les scientifiques les ont qualifiés de « pansexuels »[2]. La réalité correspondrait donc plutôt un spectre allant de l’homosexualité stricte à l’hétérosexualité stricte. Mais ce qui est plus passionnant encore, c’est de comprendre comment les études réalisées sur l’orientation sexuelle des animaux témoignent de l'opinion publique de la société humaine à un moment précis ; c’est pourquoi nous allons privilégier une approche épistémologique. Effectivement, l’homosexualité chez les animaux était encore taboue dans la communauté scientifique et méconnue du grand public jusqu’aux années 90 alors même qu’elle a été observée chez plus de 1500 espèces. Comment expliquer cela ? Nous allons tâcher d’y répondre en nous posant la question suivante : comment aborder la question de la sexualité chez les animaux alors même que le sujet a été largement évité par la communauté scientifique ? Nous nous pencherons en particulier sur le cas des primates avec qui l’être humain entretient un rapport privilégié car il appartient à cet ordre de mammifères. En effet l’être humain a souvent tendance à vouloir s’y identifier ou au contraire s’en détacher, il nous semble donc particulièrement pertinent de s’y intéresser pour notre sujet. Ainsi nous verrons dans un premier temps comment un tabou sociétal fortement ancré a empêché les scientifiques de comprendre la sexualité animale pendant plusieurs millénaires. Puis nous verrons dans un second temps que les récentes découvertes scientifiques sur l’homosexualité ont fait évoluer la vision de l'homosexualité humaine et animale dans notre société moderne et réciproquement.
[1] Définition de l’encyclopédie en ligne Larousse
[2] Étymologiquement « pan » signifie « tout ». La pansexualité, aussi appelée « omnisexualité », est donc l'attirance pour n'importe quelle personne, sans distinction de son sexe, son genre ou de son orientation sexuelle, qu'elle soit homme, femme, transgenre, transsexuel, sans genre, etc. C'est également une sorte d'état d'esprit dans lequel le sexe du partenaire n'a aucune importance, seule sa personnalité est importante.
Aucun commentaire