Billet d'humeur : Captain Fantastic ou l'éloge de la vie sauvage.





Captain Fantastic est un film québécois réalisé par Matt Ross et sorti en 2016. 

Ben et Leslie Cash décident d’élever leurs enfants au milieu d’une forêt dans l’État de Washington, convaincus des bénéfices d’un mode de vie sauvage, c’est-à-dire opposé à la civilisation. Les six enfants savent trouver de la nourriture n’importe où, arpenter des falaises imposantes, se camoufler dans la nature. En bref, ils possèdent une capacité perdue : celle de se débrouiller n’importe où, autrement dit celle de connaître la nature. Au-delà d’une aisance dans la nature, les enfants Cash semblent être plus doués que n’importe qui. Leur père qui les élève veille en effet à ce que leur éducation soit parfaitement remplie. Les enfants ont un temps de lecture quotidien imposé, ils font preuve d’une maîtrise de l’oral surprenante pour leurs jeunes âges, et ils pratiquent tous plusieurs activités artistiques: ils savent chanter, jouer des instruments, sculpter, coudre. 


C’est lorsqu’ils sont confrontés au monde extérieur, c’est-à-dire en dehors de la forêt, que leurs qualités contrastent avec la vie ordinaire. Ceux qu’ils rencontrent semblent non seulement banals, mais surtout, ils sont présentés de telle sorte à ce que nous, spectateurs, les trouvions inférieurs à la famille Cash. Le film a donc choisi le parti pris de la caricature. La société dépeinte façonne des êtres non seulement consommateurs et polluants, mais la société est aussi à l’origine de l’épuisement des capacités humaines, c’est-à-dire de l’aptitude à contenir, un volume de matière ou d’énergie. Les hommes et les femmes d’aujourd’hui seraient la marque même de l’appauvrissement du potentiel humain.






Le film présente une vision clairement idéalisée d’un mode de vie sauvage. Bien que le tout soit clairement caricatural, il offre des pistes de réflexion sur notre rapport à la nature, et sur notre rapport au mode de vie dans lequel on s’illustre. Le film montre aussi bien la tendance actuelle à valoriser un retour à une vie, non pas en dehors de la civilisation, mais peut-être moins civilisée. Sommes-nous arrivés à un stade de civilisation qui n’est pas souhaitable ? Sommes nous arrivée à un stade de civilisation, qui, paradoxalement, nous appauvrit en humanité ? Le potentiel humain semble avoir été emmené tellement loin qu’il se mord la queue. Y aurait-il un optimal à trouver entre sauvagerie et civilisation? 


Pour finir, le film est coloré, drôle et touchant : il reste nettement inspirant.

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