A l'origine du Deuxième Sexe









En 1949 est publiée la plus grande œuvre de la philosophe et essayiste française Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe. Cette dernière est audacieuse pour l'époque et recevra autant de succès que de critiques. Mais le travail de Simone de Beauvoir fut déterminant dans la prise de conscience féministe en France, et servit d'appui aux mouvements féministes des années 1970. Dans la partie 3 "Mythes" du tome I, Beauvoir se penche sur la question de l'image de la femme, définie comme Autre par rapport à l'homme, d'abord dans les mythes, les traditions, les religions de notre culture occidentale et d'ailleurs, puis dans des œuvres littéraires contemporaines, en s'appuyant sur cinq auteurs en particulier. C'est cette partie que j'ai retranscrit dans ma pièce de théâtre A l'origine du Deuxième Sexe.



A l’origine du Deuxième Sexe




Acte I




Scène 1 : Simone de Beauvoir


SIMONE : Nous sommes en l’an 1949. Voilà seulement cinq ans que nous, les femmes, avons le droit de vote. Nous n’avons toujours pas le contrôle sur notre corps, notre vie, notre travail et nos revenus. Partout, de tous temps, la société patriarcale nous a oppressée. Mais pourquoi ? Comment se fait-il que la moitié de la population ait été infériorisée de la sorte, sous prétexte de son genre ? Pour le comprendre, il faut que nous revenions aux origines de nos sociétés, à leurs mythes et leurs légendes qui ont fait de la femme « l’Autre » par rapport à l’homme.



Scène 2 : Simone de Beauvoir, Père Léonard. Dans une église.


PERE LEONARD, d’une voix solennelle : « Alors le Seigneur Dieu fit tomber une torpeur sur l'homme, qui s'endormit ; il prit une de ses côtes et referma la chair à sa place. Le Seigneur Dieu forma une femme de la côte qu'il avait prise à l'homme, et il l'amena vers l'homme. L'homme dit : Cette fois c'est l'os de mes os, la chair de ma chair. Celle-ci, on l'appellera « femme », car c'est de l'homme qu'elle a été prise. »

SIMONE : Donc, selon la religion chrétienne, la femme a été créée à partir de l’homme ?

PERE LEONARD : En effet.

SIMONE : Et a-t-elle été créée pour l’homme ?

PERE LEONARD : Elle a été créée pour transmettre la vie. La femme est avant tout une terre passive et fertile. L’homme, lui, est le principe créateur.

SIMONE : Dans la Bible, la femme est donc toujours envisagée en rapport à l’homme, pour l’homme, de son point de vue, et se caractérise par sa passivité. Ce modèle a ensuite été ancré dans nos sociétés, et c’est bien normal, puisque la religion chrétienne est à l’origine de la culture occidentale. Mais comment expliquez-vous que malgré son caractère passif, elle soit parfois caractérisée comme dangereuse et effrayante ?

PERE LEONARD : Cela remonte, toujours dans la Genèse, au mythe d’Adam et Eve et du péché originel. Tenez : « La femme vit que l’arbre était bon à manger et agréable à la vue, et qu’il était précieux pour ouvrir l’intelligence ; elle prit de son fruit et en mangea ; elle en donna aussi à son mari, qui était auprès d’elle, et il en mangea. » C’est la femme qui a péché et incité l’homme à faire de même. C’est elle qui porte le péché de la chair. Asservir la femme est le seul moyen pour l’homme d’éviter de tomber dans le péché, et ainsi de s’élever vers le ciel.

SIMONE : La femme ne peut-elle pas aller au Paradis ?

PERE LEONARD : Bien sûr que si, elle le peut. La femme accède au bonheur spirituel par la vertu de sa vie terrestre, de la même manière que l’homme. Dans le monde de Dieu, il n’y a ni femme ni homme à proprement parler : tous deux doivent se dégager de leur dimension charnelle. Femmes et hommes sont traités également par Dieu.

SIMONE, sarcastique : La femme est égale à l’homme dans l’au-delà et pourtant elle ne l’est pas sur Terre ? Cela me semble plutôt contradictoire. J’avais bien de l’espoir, mais je ne pouvais en attendre autant d’une institution rétrograde définie par des hommes.

PERE LEONARD, un peu agacé : En effet, la femme tire sa vertu, entre autres, de la soumission à son mari dans le monde terrestre. Dieu a dit à Eve : Tes désirs seront portés vers ton mari, et il dominera sur toi. C’est ainsi que la société doit se porter. La femme seule est dangereuse. Je ne puis plus rien faire pour vous, votre mari vous le fera mieux comprendre.

SIMONE : Je ne suis pas mariée, mon père. Je refuse que ma vie soit dictée par un autre.

PERE LEONARD, outré : Ma fille, vous ne pouvez penser sérieusement ce que vous dites. Si vous continuez ainsi, votre âme sera damnée.

SIMONE, sortant de l’église, l’air rieur : Nous nous retrouverons alors !

PERE LEONARD, exaspéré : Seigneur, quelle génération…



Scène 3 : Simone de Beauvoir, Jean-Pierre, Jean-Michel. Dans un café.


Les deux hommes, au comptoir, ont un verre à la main.

JEAN-PIERRE, d’une voix forte et énervée : Non mais tu te rends compte de ce qu’elle m’a sorti ma femme, Jean-Michel ? Elle voudrait que je m’occupe un peu de SES enfants de temps en temps ?

JEAN-MICHEL, exaspéré : De nos jours, ces bonnes femmes se croient tout permis. T’as intérêt à la remettre à sa place.

JEAN-PIERRE : Ah ben je te promets qu’elle m’a entendu. C’est à nos épouses de se sacrifier pour le foyer et les enfants, pas à nous ! Nous on ramène l’argent, et pis c’est tout.

Simone, qui écoutait la conversation à côté d’elle d’une oreille discrète, est piquée par leurs propos. Elle prend un souffle pour garder son calme, puis décide d’intervenir.

SIMONE, sarcastique : Bonjour Messieurs. Vous m’avez bien l’air en effet de travailler d’arrache-pied pour nourrir votre famille.

JEAN-PIERRE, surpris et agacé : Non mais qui c’est celle-là ? On a bien le droit de se détendre, nom de nom !

SIMONE : Et n’est-ce pas ce que votre épouse vous a demandé ? Un peu d’aide pour avoir du temps pour elle ?

JEAN-PIERRE : Cela n’a rien à voir. Le rôle d’une femme, c’est de devenir une épouse. Et le rôle d’une épouse, c’est de s’occuper de sa maison, de ses enfants et de son mari.

JEAN-MICHEL, rieur : N’oublie pas la cuisine.

SIMONE : Donc elle doit renoncer totalement à vivre sa vie ?

Jean-Pierre et Jean-Michel font entendre un rire gras.

JEAN-PIERRE, hautain : Ma bonne dame, une femme n’a pas de vie propre ! Elle est faite pour servir l’homme ! Ça c’est une bonne épouse.

JEAN-MICHEL : Ben oui, si elles pensaient et vivaient par elles-mêmes, ça se saurait ! Il faut tout leur apprendre ! Regardez, ma femme à moi : j’ai essayé de lui apprendre un peu la littérature, la politique, les finances. Elle ne savait guère que recoudre mes pantalons, la pauvre ! Voyez ça comme un échange : je lui apporte une relative intelligence, et elle m’apporte de quoi bien manger.

SIMONE : Donc pour vous, une femme, c’est un enfant à éduquer et à imprégner de ses idées. Une sorte de pâte molle formée par les mains de son époux, en somme.

JEAN-MICHEL : C’est un peu ça ouais. Et pis c’est aussi pour se vanter face aux copains. Si elle est sage, c’est que je l’ai bien élevée. Si elle est couverte de beaux bijoux, c’est que j’ai des sous. Si elle est belle, c’est que je l’ai bien choisie.

SIMONE, révoltée, mais garde son calme car elle en a l’habitude : Vous rendez vous compte que vous considérez la femme plus comme votre animal que comme l’être humain qu’elle est ?

JEAN-MICHEL : Tout de suite les grands mots ! Sans moi, ma femme n’est rien ! Alors elle devrait s’estimer heureuse que je la loge chez moi. Et vous, vous devriez être plus respectueuse de votre mari, et vous occuper de lui plutôt que de traîner les bars avec votre philosophie à deux sous.

Simone s’apprête à répondre encore qu’elle n’est pas mariée, mais s’arrête : A quoi bon ?

SIMONE, d’une voix ferme : Votre vision du mariage est sans conteste merveilleuse pour vous. Mais jamais vous ne prenez en compte le point de vue de la femme. Un jour vous verrez que vos femmes, vos sœurs, vos filles, cesseront de se conformer et feront entendre leur voix.

Simone sort du café. Derrière elle, elle entend encore un rire gras partagé par les deux hommes.




Acte II




Scène 1 : Simone de Beauvoir, Henri de Montherlant, un client. Chez un marchand de livres où Henri fait une séance de dédicaces.


HENRI, sans lever le nez de l’exemplaire sous ses yeux : Bonjour, c’est à quel nom ?

CLIENT : Duchamp, Maurice.

HENRI, après avoir signé négligemment, d’une voix indifférente et lasse : Tenez, de rien. Suivant !

Puis il enchaîne, toujours regardant ses livres et son stylo : Bonjour, c’est à quel nom ?

SIMONE : De Beauvoir, Simone.

HENRI, surpris d’entendre ce prénom ainsi qu’une voix de femme, lève les yeux vers elle, avec un regard hautain : Une femme qui vient acheter mes livres ? Alors ça c’est bien la première fois ! Depuis quand les femmes cherchent-elles à se cultiver ? Assurément vous ne devez rien y comprendre.

SIMONE : Je ne viens pas pour acheter, mais pour discuter. De vos œuvres.

HENRI, moqueur : Décidément vous êtes une originale. Allez, vous m’intriguez, et je m’ennuie trop.

SIMONE : Pourquoi cette vision des femmes dans vos romans ? Pourquoi toujours mettre en avant des femmes stupides et soumises, comme Douce dans Le Songe ?

HENRI : Quelle question ! C’est ce que les femmes sont. Des êtres de pur chair, incapables de s’élever au niveau de conscience de l’homme. Je ne fais que refléter la réalité.

SIMONE : Pourtant, si on se penche sur le personnage de Dominique, elle est différente n’est-ce pas ? C’est une femme qui semble intelligente.

HENRI : Ah, justement, elle n’en a que l’apparence. Une femme qui veut se comporter comme un homme, s’occuper des affaires importantes de la société, vous bernerait peut-être, mais pas moi. D’une part, cela est ridicule : elles ne seront jamais intelligentes. Comme je l’ai dit, les femmes ne sont pas conscience, elles ne sont que chair. D’autre part, en essayant d’imiter l’homme, elles perdent leur féminité, sans être pour autant promue comme être viril. Elles ne sont donc plus rien, une sorte de monstre indéfini. C’est pour cela que dans Le Songe, Alban préfère la petite danseuse espagnole méprisable et sans culture, Douce, plutôt que Dominique, figure de ce monstre de fausse intelligence.

SIMONE : Et ne pensez-vous pas que vous créez ce monstre parce qu’en réalité, vous refusez de voir la femme, et même quiconque, comme une égale ? Que vous vous placez en souverain du monde pour satisfaire votre égo surdimensionné ?

HENRI, soudain en colère : Qui êtes-vous pour m’insulter de la sorte ?

SIMONE : Et vous préférez côtoyer des femmes que vous méprisez plutôt que des hommes qui vous rappellent que vous n’êtes pas seul, dominant le monde. Je me trompe ? Comme il est facile de mépriser et d’inférioriser ce qu’on ne connaît pas ou qu’on refuse de connaître.

HENRI, criant : Faites sortir cette femme ! Les dédicaces reprennent.

SIMONE : Vous voyez ? Dès qu’on contredit votre petit monde supérieur, vous faites sortir le problème plutôt que de vous y confronter, car vous verriez trop bien que vous avez tort. Au revoir, Monsieur de Montherlant.



Scène 2 : Simone de Beauvoir, David Herbert Lawrence, Paul Claudel. Dans la rue, puis dans une boulangerie.


A peine sortie de la librairie, Simone entend des pas derrière elle. David Herbert Lawrence arrive à son niveau et engage la conversation avec un fort accent britannique.

DAVID : Bonjour Madame, j’étais dans la file d’attente et j’ai entendu votre conversation avec Monsieur de Montherlant. Je me présente, David Herbert Lawrence, écrivain anglais. Je suis venu voyager à Paris pour découvrir la littérature française dont on m’a dit de grandes choses. Et l’œuvre de Montherlant m’a également interpelée, voulez-vous en discuter ?

SIMONE, agréablement surprise : Avec plaisir, Monsieur. Je vais à la boulangerie, marchez donc avec moi.

DAVID : Je trouve qu’il exagère. La femme n’est ni à rejeter, ni à dédaigner. L’homme et la femme doivent l’un et l’autre s’accomplir dans une relation de réciprocité, à travers le mariage fidèle et monogame.

SIMONE, voulant le contredire : Oh, je ne crois pas que…

DAVID, la coupant : Mais si, mais si, je suis tout à fait d’accord avec vous. Les époux doivent se donner corps et âme. De cette manière, la femme est tout aussi importante que l’homme.

SIMONE : Bien que je n’adhère pas à poser le mariage comme obligation et comme accomplissement, votre point de vue m’intéresse. Vous pensez donc qu’homme et femme doivent être égaux dans le mariage et dans la société ?

DAVID : Oui, enfin… pas tout à fait.

Ils rentrent dans la boulangerie.

DAVID : La femme se pose négativement, passivement, tandis que l’homme se transcende par sa virilité, son énergie, incarnée dans son organe sexuel. Voilà un couple équilibré.

SIMONE, déçue : Equilibrée ? La femme seule n’est rien pour vous.

DAVID : Mais ma chère dame, l’homme non plus ! L’homme a besoin d’une femme dans le renoncement et la générosité, qui s’occupe de lui et de ses enfants, afin de garder toute son énergie pour accomplir sa destinée. Ce n’est pas pour me vanter mais, dans mon œuvre Le Serpent à plumes, on en a le parfait exemple : Thérèsa, l’amante sacrifiée, tout entière dédiée à son homme. « Il est ma vie », disait-elle de Don Ramon. A-t-on vu quelque chose de plus beau ?

Paul Claudel, qui se trouvait également dans la file d’attente, les a écoutés parler et décide de se joindre à la conversation.

PAUL : Cher Monsieur, je suis tout à fait d’accord avec vous. La femme est égale à l’homme, puisque ce sont tous les deux des créatures de Dieu.

SIMONE, désespérée : Mais dans le monde terrestre…

PAUL : Elle s’accomplit en étant subordonnée à l’homme. C’est un rôle très noble que joue la femme.

DAVID : Honorable, même. Enfin, pour la plupart. Il y aura toujours quelque égoïste pour vivre pour elle-même, sans être utile à sa famille.

PAUL : C’est bien triste, oui. La religion est là pour nous garder de ce genre de comportements. Vénérer la Vierge, c’est vénérer la femme dans le renoncement, la générosité, la maternité. Lorsque qu’on s’en éloigne, c’est à Eve qu’on ressemble, et alors la femme est pécheresse.

SIMONE, murmurant : J’avais bien cru qu’il serait différent, mais c’est encore le même discours catholique de fausse égalité…

Simone arrive au-devant de la file.

SIMONE : Un croissant, s’il vous plaît. Ne prenez pas la peine de bien l’emballer, je le mangerai en chemin.

Puis tournant la tête vers Paul et David et les regardant fermement : C’est pour moi.



Scène 3 : Simone de Beauvoir, André Breton


Assise sur un banc, Simone lit La Chartreuse de Parme. Il ne lui reste que quelques pages. André Breton cherche un endroit où s’asseoir. Il regarde autour de lui : la seule place restante est à côté de Simone. Il hésite un moment puis s’y installe. Il jette un coup d’œil au livre, un deuxième. Simone le remarque.

SIMONE : Vous ne l’avez jamais lu ? C’est un classique passionnant !

ANDRE : Si, bien sûr que j’ai lu Stendhal. Une belle histoire, oui. Clélia, quel personnage fascinant ! C’est grâce à sa générosité et son amour que Fabrice sort de sa prison. Une femme pourtant si discrète et si jeune, quelle délicatesse du personnage ! Je vais vous le dire : la femme, c’est pour l’homme la clé vers l’au-delà. En incarnant la Beauté sur Terre, l’Amour, la Paix, la Nature, elle sauve l’homme. Que ferions-nous sans elle ?

SIMONE : C’est bien beau ce que vous me dites Monsieur. Mais la femme est avant tout un humain au même titre que l’homme, un être animé, doté d’une conscience et d’une volonté propre. Pour vous, elle n’est qu’un rêve, un Idéal. Cette vision donne certes lieu à de belles images poétiques et spirituelles, mais comme beaucoup, vous envisagez la femme comme Autre, par rapport à l’homme.

ANDRE : Il est difficile de définir un être qu’on ne connaît pas sans la ramener à nos repères. Madame de Beauvoir, car oui je vous ai reconnue, j’ai lu vos œuvres, il me semble que vous ne prenez pas assez cela en compte. Vous accusez les hommes d’ignorance et de misogynie mais vous devez comprendre que c’est ce qu’on nous a toujours appris sur vous !

SIMONE : Certes, mais justement, tous ces auteurs, tous ces porteurs de la « bonne parole » chrétienne, devraient s’abstenir de définir la femme et de lui imposer un mode d’être, alors qu’ils ne peuvent la connaître. Et regardez Stendhal : c’est à mes yeux le seul auteur qui voit et dépeint les femmes telles qu’elles sont, sans être mystifiées par l’homme. Si elle est inférieure en société, c’est à cause de la pauvre éducation qu’on lui a donnée, mais dans l’œuvre stendhalienne, la femme est fondamentalement l’égale de l’homme. Clélia, dont vous parliez, est une femme authentique. L’amour entre Clélia et Fabrice brise la routine et l’ennui de cette bourgeoisie qu’il détestait tant, et donne lieu à des actes héroïques, comme l’évasion de Fabrice. Par cela, Stendhal montre la femme comme sujet, avec une destinée propre, non pas soumise à l’homme mais à son niveau.



Scène 4 : Simone de Beauvoir, des clients. Dans une librairie.


Le Deuxième Sexe vient de sortir, et Simone est assise sur son bureau, faisant face à une nombreuse file de lecteurs cherchant à la rencontrer. Souriante, elle signe les exemplaires un par un en discutant brièvement avec chacun. On entend dans la file les avis qui fusent de part et d’autre de la salle.

CLIENT 1 : Elle n’a pas lu tout le monde ni ne connaît tous les mythes, traditions et religions qui traitent de la femme. Elle pose un peu trop à mon goût sa vision des œuvres et des traditions comme argument d’autorité. Son propos n’est pas nuancé. Elle expose les faits sans leur donner de valeur morale, cela donne l’impression d’une vérité absolue.

CLIENT 2, répondant au client 1 : Je comprends ce que vous voulez dire. Cependant je pense que l’ouvrage n’a pas pour but de dicter un quelconque comportement, mais simplement de faire prendre conscience de la société dans laquelle nous vivons, pour peut-être à terme changer les mentalités.

CLIENTE 3 : Et puis la fluidité de l’écriture ! Comme tout s’enchaîne à merveille !

CLIENTE 4 : Mais elle ne parle que du négatif ! Des sociétés matriarcales ont pourtant existé.

CLIENT 5, répondant à la cliente 4 : Oui mais si peu. C’en est négligeable, alors que le patriarcat est partout dans le monde, à toute époque.

CLIENTE 6 : Moi je trouve que c’est remarquable. Un habile parallèle entre mythes anciens et stéréotypes de notre temps.



Scène 5 : Une mère, un père, deux filles.


Ellipse temporelle : dans un salon, en 1986, une famille confortablement installée regarde les informations à la télévision.

JOURNALISTE : C’est en ce 14 avril 1986 qu’est décédée l’essayiste et philosophe française Simone de Beauvoir. Représentante de la philosophie existentialiste et figure de proue du féminisme, elle aura grâce à sa plus grande œuvre Le Deuxième Sexe en 1949 remis en question l’image de la femme dans la société, et ainsi incité de nombreuses femmes à se battre pour leurs droits. Les luttes féministes qu’elle a initiées n’ont pris de l’ampleur que vingt ans plus tard : Simone de Beauvoir était une femme en avance sur son temps.

FILLE : En 1949 ! Pourtant ses propos décrivant les inégalités de la société patriarcale résonnent encore aujourd’hui.

MERE : Et elle sera encore lue dans des dizaines d’années. Grâce à elle et à son œuvre, nous pourrons toujours nous rappeler des luttes passées et de celles qui nous restent à accomplir.




FIN.




Compte rendu critique alternatif par Danaé Roques

De Beauvoir, S. (1986). Le deuxième sexe, tome 1 : Les faits et les mythes. Gallimard. Partie 3"Mythes".

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