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Photo de Nawak, chien guide de l’association Centres Paul Corteville – photo sur chien-guide.org |
Le suivi médical du chien guide d’aveugle :
association des vétérinaires et des maîtres pour le bien-être de l’animal.
Otites, dysplasies, cataractes, anxiété, autant de pathologies que les chiens guides, de par leur fonction et leurs races les plus répandues, sont plus susceptibles que d’autres d’avoir. Cela s’ajoute à la difficulté des déficient·e·s visuel·le·s dans l’entretien quotidien de leur animal et l’échange particulier avec les vétérinaires. Ces difficultés, Martin Vellard, aujourd’hui vétérinaire, les met en lumière dans sa thèse, intitulée Le suivi médical du chien guide d’aveugle : un outil à destination des malvoyants. Sensibilisation de la profession vétérinaire au cas du chien guide d’aveugle : un outil à destination des vétérinaires (2006), et propose une ligne directrice vers leur résolution. Cette démarche s’inscrit dans une histoire d’une centaine d’années d’institutions de plus en plus développées pour les chiens guides en France et partout dans le monde. Sans avoir l’ambition de devenir une référence, cette thèse se veut être un pas en avant vers l’amélioration progressive du suivi médical des chiens guides d’aveugles.
Comment se forme le couple maître/chien ?
Depuis la première attribution d’un chien guide en France en 1952 par Paul Corteville, l’attribution s’est précisée dans la sélection aussi bien des chiens que des bénéficiaires. La formation de l’équipe maître/chien commence avec la sélection rigoureuse du ou de la candidat·e. S’iel est éligible, il s’agit ensuite de lui assigner lors d’un stage de remise un compagnon issu d’une école de chien guide, le plus souvent appartenant à la FFAC, Fédération Française des Associations de Chiens guides d’aveugles. L’objectif ? Créer un duo capable de "s’entendre, coopérer, s’apprécier mutuellement pour travailler ensemble efficacement et durer"[1]. N’importe qui n’est donc pas éligible, il ne suffit pas d’aimer les chiens !
Mais
malgré tous les efforts fournis pour aider le ou la déficient·e
visuel·le dans la construction de cette relation à long terme, il paraît
évident que tous les aspects de la santé du chien ne sont pas
maîtrisés, ce qui explique les difficultés éprouvées tout au long du
parcours à suivre.
Des obstacles exacerbés par le handicap
Certaines
difficultés apparaissent d’instinct : impossible de voir son chien
blessé traîner la patte, de voir s’il est ballonné ou en surpoids, accès
refusé dans certains établissements à cause de la présence de l’animal…
Sans compter sur les discriminations inhérentes au handicap. Les
malvoyant·e·s doivent aussi faire face à des difficultés
d’administration de certains soins ainsi qu’à un traitement différent
lors des consultations vétérinaires. Bien que s’occuper d’un chien présente déjà des obstacles - ne serait-ce que parce qu’un animal ne peut exprimer verbalement un problème -, la cécité les amplifie.
Les déficient·e·s visuel·le·s de l’enquête menée par M. Vellard pour
alimenter sa thèse indiquent d’ailleurs l’importance qu’ils accordent au
contact humain lors des consultations, espérant notamment une compréhension de leur situation particulière tout en gardant du respect pour leur autonomie.
Un CD pour les bénéficiaires de chiens guides ?
M. Vellard propose donc d’abord dans sa thèse un CD à destination des malvoyant·e·s pour transmettre ses conseils d’entretien et d’inspection de l’animal. Ce format est astucieux puisqu’il permet d’appliquer les consignes simplement
pour les victimes de cécité. Imaginez devoir lire les consignes en
braille, les retenir puis les appliquer ensuite sur votre compagnon :
c’est bien moins pratique. L’auteur a bien pris en compte ces problématiques s’appliquant à la vie quotidienne, des questionnements qui ne viennent pas nécessairement à l’esprit d’une personne lambda ; il se base sur une enquête menée autour d’un échantillon de concerné·e·s afin de garantir un accompagnement optimal. Cela témoigne également d’une attention particulière
et honorable accordée aux personnes concernées, mais il est aussi
intelligent de prendre en compte les ressentis de chacune des parties prenantes afin
de proposer des compromis efficaces pour faciliter les échanges.
Un guide à destination des vétérinaires
Pour palier aux nombreux problèmes potentiels évoqués, le maître n’est pas seul : la profession vétérinaire travaille main dans la main avec lui ou elle dans ce but. C’est aussi en prenant en compte leur propre ressenti lors de consultations pour chiens guides que M. Vellard a conçu son dossier d’informations pour eux. Car, même s’iels ne sont pas forcément assez sensibilisé·e·s au cas du chien guide, il ressort de l’enquête une volonté de participer à cette amélioration de sa prise en charge et de son suivi médical, et cela commence avec les pathologies identifiables les plus récurrentes chez ces animaux. Nous pouvons en dresser la liste, comme l’auteur le fait dans sa thèse, en en analysant les causes, symptômes, soins, rareté… Ce qui révèle le panel des difficultés sous un nouveau jour, ou plutôt sous plusieurs spectres : racial, environnemental ou encore psychologique. Il convient de noter que les mêmes difficultés qui peuvent peser sur les maîtres se répercutent sur la profession, mettant bien encore une fois en lumière la nécessité d’avancer main dans la main. Les vétérinaires ne sont plus les super-héros dont certains rêvaient enfants : s’occuper d’un animal n’est pas une mince affaire, et d’autant moins quand il représente un si grand rôle dans la vie et le confort d’une personne victime d’un handicap.
La
volonté ambitieuse de M. Vellard de fournir un outil accessible, adapté, renseigné
et unissant vétérinaires et malvoyant·e·s pour faciliter les échanges
entre ces acteurs s'est bien retranscrite dans cette thèse. Un « guide pour eux et par eux »[2] qui transmet efficacement un maximum d'informations claires, abordant les
problématiques les plus répandues et les plus rares dans un souci
d'englober - et aider - tou·te·s les concerné·e·s. Reste à savoir ce qui adviendra de ces guides, et de leur enseignement.
[1] Vellard M, Le
suivi médical du chien guide d’aveugle : un outil à destination des malvoyants.
Sensibilisation de la profession vétérinaire au cas du chien guide d’aveugle :
un outil à destination des vétérinaires, thèse, Ecole Nationale Vétérinaire
de Toulouse, 2006, p.18.
[2] Ibid, p.73.
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